Le projet initial des ENS

Dans le cadre d'un rapprochement entre les concours littéraires des ENS Ulm (concours A/L) et Lyon, ce qui ne devrait en rien concerner la filière BL, les ENS d'Ulm, de Lyon et de Cachan avaient prévu de fondre le concours BL dans un concours littéraire commun.

Avant même tout accord avec les autres ENS, Ulm envisageait de regrouper ses deux concours A/L et B/L, par institution d'une banque commune d'épreuves ; cela aurait eu pour conséquence immédiate de conduire à harmoniser les programmes et les horaires des khâgnes et hypokhâgnes A/L et B/L, très différentes, et de dissoudre de fait la filière B/L dans la filière A/L, les enseignements qui font la spécificité de la B/L devenant de simples options, dans une filière littéraire unique des plus hétéroclites.

C'est d'une part la survie de la filière B/L qui était directement menacée. Formation pluridisciplinaire, associant de façon équilibrée enseignements littéraires et scientifiques, et à ce titre unique dans le système des classes préparatoires et dans l'enseignement supérieur en général, la section "Lettres et sciences sociales" se trouvait prise en otage dans une négociation qui, à l'origine, ne la concernait nullement.

Si la section B/L était la première concernée dans cette affaire, il apparaît clairement que c'est l'ensemble des classes littéraires qui risquait d'en subir les conséquences.

La réorganisation des enseignements en classe préparatoire qui découlerait de la fusion des deux concours A/L B/L, puis Ulm/Lyon, mettrait en place à coup sûr une nouvelle formule à tronc commun réduit (Philosophie, Lettres, Histoire) accompagné de multiples options (allant des langues anciennes aux mathématiques et sciences économiques), donnant naissance à des classes disparates. Pourrait s'en suivre également un alignement restrictif des horaires qui ferait perdre à certaines options toute leur consistance, supprimant ainsi de nombreux débouchés aux élèves de ces classes.

Suite à une entrevue avec M. Ruget, directeur de l'ENS Ulm, le 7 novembre 2001, la situation a évolué favorablement. En effet, celui-ci a affirmé son attachement à la filière et a offert des garanties importantes pour sa conservation : maintien des mathématiques et des sciences économiques et sociales en tronc commun en B/L, mise en place d'une option mathématiques en A/L mais avec un programme différent, les deux concours restant distincts.

Qu'en est-il actuellement ?

En dépit des concessions rassurantes données par M. Ruget, la situation a évolué de manière inquiétante au cours de cette dernière semaine.

Le 19 novembre, le CNESSER, organisme consultatif de l'éducation nationale, a prononcé un avis favorable à une proposition de réforme proposée par l'ENS Ulm portant sur la modification des coefficients de ses concours d'entrée :
-en BL, le coefficient de l'épreuve orale d'option passerait de 4 à 3,
-en AL, le coefficient de l'épreuve orale d'option passerait de 5 à 3.
-Dans les deux sections au concours, les élèves choisiront au moment de l'inscription une des 6 preuves de tronc commun d'oral qui sera cotée coefficient 3 au lieu de 2.
Cette mesure, applicable dès la session 2002, aurait donc pour conséquence d'aligner les coefficients des épreuves d'options AL et BL, ce qui une fois encore jette le doute sur les véritables intentions de l'école.

Plus grave, les ENS de Cachan et de Lyon, lors d'un entretien accordé à des professeurs de BL le 21 novembre, ont clairement annoncé leur intention de créer une banque d'épreuves commune à tous les concours littéraires, dans toutes les matières, chaque école choisissant ensuite à sa guise les coefficients et l'arrangement des épreuves. Conséquences ? La fusion inéluctable, en amont, des khâgnes littéraires pour former une classe préparatoire à options, et la disparition de la filière B/L !

L'ENS Ulm semble disposé à protéger la section mais les négociations avec Cachan et Lyon s'annoncent délicates.

[Retour]